Roger Muraro, Greniers à sel de Honfleur, 29 juillet 2017
Après une visite très enrichissante dans le centre de Honfleur, durant laquelle, entre autre, l'origine des expressions "triés sur le volet" ou "maison à colombages" ainsi que celle de la seule maison en pierre du port fut révélée, nous nous sommes rendus aux Greniers à sels. Les promenades nous y ayant déjà présenté Marie-Josèphe Jude, le niveau du pianiste choisi pour ce jour devait être assez relevé.
Il l'a été bien au delà de toute espérance.
Les oeuvres furent d'abord introduites par l'artiste. Leur origine, l'état d'esprit des compositeurs et leurs sources d'inspiration nous ont été racontés comme une histoire puisée dans un livre de légendes. Puis le récital a commencé après un rituel de toucher de piano méticuleux, comme une prière.
Tantôt penché sur son clavier évoquant ainsi Bill Evans, tantôt débordant d'une énergie expressive bouleversante, chantant certaines notes comme Erroll Garner et les jouant toutes avec la précision d'un Art Tattum, étouffant avec un sourire complice la dernière dans son poing fermé comme pour la garder en lui, ce grand personnage nous a livré la sombre flamboyance de Liszt et de Ravel avec une dextérité et une expressivité de danseur étoile.
La faible luminosité ne m'a hélas pas permis de réaliser des clichés de grande qualité... Mais j'ai sélectionné ceux ci pour montrer justement la gestuelle d'acteur de Monsieur Muraro lorsqu'il s'exprime avec un piano, au travers d'une "surface de doigt infime appelant un investissement physique énorme".
Evoluant subtilement entre le jazz, le rock'n'roll, la danse et le théatre, l'exposé a été grandiose.
